Comprendre la Rosacée
mars 30, 2021
Malgré son nom floral, la rosacée est une maladie dermatologique fréquente, chronique et affichante du visage. Il s’agit d’une affection qui touche les petits vaisseaux du visage. Cette dermatose évolutive peut avoir des conséquences psychoaffectives importantes, avec dans des stades avancés de la pathologie un impact majeur sur la qualité de vie du patient. Il supporte mal le regard des autres, victime de préjugés dus à la méconnaissance de cette maladie. L’incidence est supérieure à 5% dans la population générale (ref biblio BJD 2018). Un terrain héréditaire est souvent retrouvé sur les carnations claires.
La Rosacée ou érythro-couperose, qu’est-ce ?
Connue aussi sous le nom de couperose, cette maladie cutanée non contagieuse et évolutive, au départ d’allure bénigne, se manifeste par des rougeurs initialement passagères et symétriques (les flushs), puis devenant chroniques au niveau du nez, des joues, parfois aussi au niveau du menton et du front. Ces signes s'accompagnent de sensations de picotements, d’inconfort, de tiraillements qui sont parfois très invalidantes pour les personnes atteintes : c’est la peau réactive, sensible, voire intolérante.
Des rougeurs oculaires peuvent parfois être associées à ces signes.
De petits vaisseaux sanguins, visibles par transparence cutanée, caractéristiques des télangiectasies, associées aux rougeurs, sont souvent visibles sur les joues.
Quelles sont les différentes formes de la rosacée?
L’évolution de la maladie peut différer d’une personne à l’autre.
Chaque cas est particulier et la progression dépend de multiples facteurs, il est donc difficile d’en prédire l’évolution.
Il existe plusieurs formes de rosacée :
- La forme vasculaire ou couperose
C’est la plus fréquente, elle peut débuter par des phénomènes de poussées, successives et soudaines, de rougeurs du visage et du cou, avec une sensation de bouffées de chaleurs identifiées sous le nom de « flushs » cutanés ou bouffées vasomotrices, qui durent quelques minutes ou peuvent se prolonger, puis disparaissent.
Les rougeurs (érythème) peuvent par la suite d’installer en permanence sur les joues, le nez voire le milieu du front.
De petits vaisseaux se dilatent, formant de très fines lignes rouges devenant visibles par transparence sous l’épiderme, sur les joues et les ailes du nez. Il s’agit des télangiectasies.
Dans cette forme, la rougeur est accompagnée d’une sensibilité exacerbée de la peau qui peut devenir sèche et inconfortable avec des sensations de brûlures et de picotements.
L’observation de la rosacée au microscope montre l’aspect très œdémateux de la peau, des cellules de l’épiderme disjointes et des vaisseaux du derme irréguliers et dilatés.
- La forme papulo-pustuleuse dite anciennement « rosacée »
Dans cette forme, les rougeurs diffuses et permanentes s’installent, touchant principalement le nez et les joues. Les télangiectasies peuvent être également présentes.
Evoluant par poussées, de petits boutons rouges en relief (papules) ou d’aspect blanc (pustules), mimant les lésions d’acné, apparaissent sur le visage, s’ajoutant à l’érythème. Ils correspondent à des poussées inflammatoires.
- La forme hypertrophique ou rosacée phymateuse
Il s’agit d’une forme qui touche le plus souvent les hommes : une fibrose des tissus du derme apparait progressivement et les glandes sébacées du nez augmentent de volume, les pores se dilatent et la peau s’épaissit, formant des protubérances charnues ou des boursouflures. Le nez est la partie du visage qui subit le plus de déformations, appelées rhinophyma.
- La forme oculaire
Elle est caractérisée par une irritation des yeux qui deviennent rouges et secs, avec un larmoiement excessif et une sensibilité à la lumière (conjonctivite). Un bilan ophtalmologique est nécessaire (en prévention et traitement si besoin).
Quelles en sont les causes ?
Les causes de cette dermatose sont encore aujourd’hui mal connues, l’apparition de la rosacée serait multifactorielle :
- Génétique sachant que, dans 56% des cas, on constate des antécédents familiaux de couperose
- Hyperréactivité des vaisseaux sanguins du visage, qui en se dilatant de façon excessive, créent les rougeurs et la sensation de chaleur inconfortables
- rôle des Microorganismes associés (notamment le Demodex Folliculorum, aussi connu sous le nom d'acarien des follicules humains, qui vit dans les pores et les follicules pileux)
- intolérance de la peau au soleil (via la sensation de chaleur et les altérations chroniques liées au photo vieillissement associé)
- Parfois il s’agit de rosacée induite par une corticothérapie locale prolongée (automédications).
Quelles sont les personnes à risque de rosacée ?
La rosacée, à des degrés variables, toucherait 3 % à 10 % de la population française.
C’est une maladie qui peut arriver tôt dans la vie d’adulte, à partir de 25 ans. Elle débute rarement avant 30 ans, avec une fréquence qui augmente progressivement jusqu’à atteindre un pic entre 40 et 50 ans.
Les adultes ayant le teint clair et dont la peau a tendance à rougir facilement sont plus souvent atteints.
Ce trouble est plus courant dans les populations d’origine irlandaise et nord-européenne qui ont la peau claire, mais elle touche également les personnes ayant la peau plus foncée et est probablement sous-estimée dans cette population.
Les femmes sont plus sujettes à la rosacée que les hommes, puisque l'on compte deux femmes atteintes pour un seul homme souffrant de rosacée. Ces derniers qui la développent généralement au-delà de 50 ans sont davantage enclins à développer le rhinophyma, stade très avancé de la maladie.
Passé un certain âge (70 ans), les personnes épargnées jusque-là développent rarement la maladie.
La rosacée est quasi inexistante chez l’enfant même si elle peut parfois apparaître dans le jeune âge. Dans ce cas, elle se développe sous forme de rougeurs touchant principalement les joues. Il est également fréquent que des symptômes ophtalmologiques (yeux rouges, paupières enflées) précèdent les problèmes de peau.
Cette affection se révèle être héréditaire, les personnes aux parents atteints ont davantage de risques d'en souffrir aussi.
Comment prévenir la rosacée ?
Les causes de la rosacée étant méconnues, il est impossible de prévenir son apparition.
Cependant, adopter certains gestes au quotidien permettent d’en réduire l’intensité et de limiter l’aggravation des symptômes.
Voici une liste des éléments favorisants :
- Les agressions climatiques : Eviter les expositions au soleil, les températures extrêmes, les variations brutales de température et l’exposition aux intempéries.
Il est important de protéger sa peau pour éviter toutes ces influences… Écharpes et crèmes solaires sont les meilleures amies des personnes atteintes de rosacée. La photoprotection devra être adaptée au phototype de la personne.
- Eviter la consommation de boissons et d’aliments trop chauds ou épicés, ou la prise d’alcool qui contribuent à la dilatation des vaisseaux sanguins et provoquent des rougeurs.
- Limiter ou arrêter le tabac
- Eviter le stress et les émotions fortes, il est conseillé d’apprendre à se détendre pour mieux les gérer
- Eviter la pratique d’un sport avec des efforts physiques intenses ou bien les atmosphères surchauffées au travail ou à domicile.
Quelles recommandations concernant les soins du visage ?
- Conservez une hygiène régulière pour limiter les attaques bactériennes auxquelles la peau couperosée est particulièrement sensible, et ce sans frictionner
- En complément, appliquez de façon régulière une crème hydratante sur le visage, de manière à diminuer la sensation de brûlure et de dessèchement de l’épiderme dues au lavage et à la rosacée (cette sécheresse cutanée réduit la résistance de la peau aux agressions)
- Evitez l’utilisation de savons ou d’eau trop chaude pour la toilette, et privilégiez des soins doux ne contenant pas certains d’ingrédients tels que les acides de fruits , les exfoliants, l’alcool…
- Choisir une photoprotection d’indice élevée adaptée à votre carnation et à votre activité (professionnelle, sportive…), et de la renouveler en cours de journée, fait partie de la prise en charge.
Il est important de limiter les gestes et produits irritants et de favoriser des dermo-cosmétiques fluides pour leur action hydratante. Ils apportent ainsi un apaisement et un confort cutané. Il est déconseillé d’utiliser des soins trop occlusifs.
Les maquillages et cosmétiques à effet ‘anti-rougeur’ ou ’masquant’ adaptés à ce type de peau contribuent également à une bonne protection de l’épiderme, par leur filtre UV associé, et camouflent avantageusement les rougeurs affichantes.
Quels traitements médicaux ?
Si les symptômes persistent, il est recommandé de consulter votre dermatologue afin d’adapter au mieux le traitement au stade de votre rosacée. Cette consultation permettra d’établir un bilan de sévérité, d’orienter au mieux la prise en charge et de corriger les erreurs dans les habitudes d’hygiène et de soins dermo-cosmétiques.
Les traitements prennent en charge les symptômes mais ne guérissent pas définitivement cette maladie. Ils permettent de ralentir et de contrôler l’évolution des symptômes en espaçant les poussées. Il en résulte notamment une amélioration du confort cutané et de l’apparence de la peau.
Plusieurs semaines sont souvent nécessaires avant d’observer un résultat et les traitements sont plus efficaces au stade précoce de la maladie, il est donc essentiel de poser un diagnostic au plus tôt.
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